Du XVIème au XXème siècle : retour sur mes lectures du troisième semestre de Lettres

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(clique sur l'image pour voir la photo originale de Jazmin Quaynor)
Comme vous le savez peut-être déjà si vous me suivez régulièrement, je suis entrée en deuxième année de Lettres Modernes fin septembre. Et qui dit licence de Lettres, dit (beaucoup) de livres à lire, et notamment de nombreux classiques. Cela m'a beaucoup plu car avec mon DUT, j'avais surtout fait de la littérature contemporaine. Grâce à ces deux diplômes, ma culture générale littéraire commence vraiment à devenir solide ! 

Pour en revenir à mes lectures de ce semestre, j'ai parcouru presque cinq siècles d'histoire littéraire ! 

Du XVIème siècle au XVIIème siècle : le récit picaresque

J'ai découvert cette année le genre picaresque. Né en Espagne au XVIème siècle, il a connu un franc succès dans le monde entier. Il est difficile d'établir une définition générale et universelle du genre car il est sujet à de nombreux débats entre les critiques littéraires. Mais pour faire simple, il s'agit souvent d'une autobiographie fictive d'un gueux, un héros miséreux, de naissance infâme, qui parcourt les différentes classes sociales de son époque en tant que valet pour multiples maîtres. Cela permet aux auteurs de faire une critique de leur société, notamment de la religion et de la noblesse, et de contrecarrer aux genres pastoraux et chevaleresques qui faisaient succès à la même époque.

Prenons l'exemple du premier récit que nous avons étudié en cours : La vie de Lazarillo de Tormès (auteur anonyme, 1554). Lazarillo semble être le premier héros picaresque. Il va passer successivement au service d'un aveugle avare et manipulateur, puis au service d'un prêtre encore plus cruel, à un écuyer plus pauvre que Lazare lui-même mais qui joue très bien sur les apparences, à un moine qui marche trop vite, à un vendeur d'indulgences expert en mise en scène, etc. Cela va lui permettre de découvrir les différents rouages de la société et comment s'en jouer. Lazare devient assez intelligent et rusé, et son histoire est rempli d'ironie et de critiques acerbes contre la religion catholique. C'est d'ailleurs pour cela que certains passages ont été censurés par l'Inquisition, mais les éditions actuelles nous permettent de lire le roman dans son ensemble.

Certains disent que le genre picaresque se limite qu'aux romans espagnols. Pourtant, les caractéristiques du picaresque se retrouvent aussi dans d'autres pays. Pour cela, nous avons étudié deux autres romans : un français et un anglais. 

Histoire de Gil Blas de Santillane (Lesage, 1715-1725) est un récit français mais se déroule en Espagne. Même si cette fois-ci, Gil Blas n'est pas vraiment un ignoble gueux, il va lui aussi parcourir la société de son temps en devenant valet pour bon nombre de maîtres. La seconde différences avec Lazarillo, c'est qu'on ne retrouve aucune critique morale sur la religion. Par contre je peux vous dire que la noblesse prend chère ! Gil Blas dénonce sans scrupules les petits maîtres qui veulent se prendre pour des grands, et les comédiens à la vie bien dépravée. Beaucoup d'étudiants n'ont pas trop apprécié ce récit, peut-être pour sa longueur (quatre tomes, plus de 600 pages, écrit en minuscule) pourtant moi je l'ai trouvé vraiment intéressant. Certes, certaines parties sont assez inutiles pour l'avancement de l'histoire, mais dans l'ensemble les idées sont bonnes et bien trouvées !

Enfin, dernier roman picaresque de notre étude, notre chère et tendre Moll Flanders (Defoe, 1722). Ce qui change ici, c'est que le héros est une femme, et que pour traverser les différentes strates de la société, elle n'est pas servante mais... épouse d'un nombre incalculable d'hommes en tout genre (dont son propre frère !). C'est le récit que j'ai le plus apprécié des trois. Moll Flanders est une femme indépendante prête à tout pour survivre, et surtout pour s'enrichir (l'histoire se déroule au tout début de l'essor du capitalisme, l'argent est donc omniprésent dans chaque aventure). Elle vit presque sans remords alors que sa vie est loin d'être pure et parfaite : elle ment tout le temps, abandonne ses enfants, se prostitue pendant plusieurs années, devient voleuse, etc. Même si l'histoire semble assez ignoble, elle n'en reste pas moins drôle et on se surprend même à apprécier et sourire devant les pires passages de l'histoire...

Le XIXème : siècle des Lumières

Montesquieu, Voltaire, Rousseau ! Que de grands auteurs qui ont occupé une partie de mon semestre. Cependant, les deux seuls ouvrages que j'ai dû lire dans leur intégralité sont Les Liaisons Dangereuses de Laclos et Jacques le Fataliste et son maître de Diderot.

Si vous avez lu mon article sur les romans épistolaires, vous devez savoir que j'avais détesté l'adaptation des Liaisons dangereuses de Camille de Peretti. Donc au départ, je n'étais vraiment pas motivée à le lire, pensant pertinemment que j'allais détester. Finalement, il est devenu l'un de mes classiques préférés et ma lecture favorite de ce semestre ! L'histoire, comme vous le savez surement, n'est faite que de lettres et reprend principalement les échanges entre le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil. Alors, oui, certes, le fond de ce récit est assez horrible : ces deux personnages s'amusent avec les sentiments de leurs amis et ennemis sans une once de culpabilité. Mais dans la forme, c'est juste wow ! Laclos a une plume vraiment magnifique, c'est un vrai plaisir de le lire.

Concernant Jacques le fataliste et son maître, je suis un peu plus mitigée. L'histoire reprend, comme le titre l'indique, une longue conversation entre Jacques et son maître. Les récits de Jacques sont plutôt intéressants et drôles, par contre si Diderot aurait pu éviter d'intervenir tous les deux pages, cela aurait été beaucoup plus agréable à lire ! Après, je sais bien que c'était son but premier d'écrire un livre tout en le critiquant en même temps, mais personnellement ça m'a vraiment gâché la lecture. Je n'en retiendrais que de vagues souvenirs des amours de Jacques...

Le XIXème : les romans réalistes

Outre les extraits de René de Chateaubriand, du Rouge et le Noir de Stendhal, de Germinal de Zola, et j'en passe, j'ai dû m'attaquer à la lecture de deux grands classiques français : Le Père Goriot de Balzac et Madame Bovary de Flaubert.

J'ai fais un peu la grimace quand j'ai vu que je devais lire Balzac. De mauvais souvenirs de première ont refait surface... Et pourtant, finalement, grande surprise une fois de plus : j'ai bien aimé ! Ce pauvre père Goriot qui a dédié toute sa vie au bonheur de ses deux filles qui pourtant ne cesse de le renier. Et puis, c'est aussi l'histoire du jeune Eugène de Rastignac prêt à tout pour entrer dans le monde illusionné de la noblesse de ce grand siècle. Sa détermination est assez remarquable, et pourtant il va vitre se rendre compte à quel point la société est pourrie de l'intérieur, et que sans argent, on n'arrive malheureusement à rien !

Emma Bovary. Cette chère Emma à qui la vie n'a jamais vraiment sourit. Comme à chaque fois, je suis partie avec certains à-priori, pensant m'ennuyer à la lecture de ce roman ; et bien évidemment, j'étais encore dans l'erreur. Alors oui, c'est vrai, certains passages sont assez longuets, notamment quand Emma est au plus profond de son désespoir et qu'elle ne pense plus pouvoir rien faire de sa vie, mais dans l'ensemble, c'est quand même une histoire incroyable sur l'insatisfaction d'une femme, que ce soit sur les plans affectifs ou sociaux. Il faut réussir à écrire tout un roman où il ne se passe presque rien, où l'ennui prédomine, où les illusions et les rêves se heurtent violemment à la réalité, sans pour autant ennuyer le lecteur. Parce que je peux vous promettre qu'une fois lancé, il est très difficile de lâcher le roman avant de connaître la fin !

Poésie et récit poétique au XXème 

Dernier siècle abordé sous le signe de la poésie ! J'étais vraiment contente d'étudier le recueil Alcools d'Apollinaire parce que j'adore cette période de renouveau poétique en lien avec les avant-gardes artisitique comme le cubisme. Apollinaire joue avec les mots, les sens, les sonorités et nous donne à voir de merveilleuses choses. Gros coup de cœur notamment pour « Le Pont Mirabeau », « Nuit Rhénane » et « Le Brasier ».

Et pour terminer, je vous présente Désert de Le Clézio, une très jolie découverte du mois de novembre. Ce nom vous dit peut-être quelque chose et c'est normal ! Le Clézio a reçu le prix nobel de littérature en 2008. Concernant Désert, c'est un roman en deux temps : d'un côté nous suivons l'histoire de Nour au début des années 1910, un petit garçon qui marche avec son peuple à travers le désert en quête d'une ville qui pourra les accueillir. De l'autre, il y a le récit d'une jeune fille, Lalla, pendant les années 80, qui est une descendante de ce peuple et qui est donc très attachée au désert. Malheureusement pour elle, elle va devoir partir à Marseille et découvrir l'affreuse ville industrielle... Je ne vous en dit pas plus sur l'histoire mais je vous en conseille vivement la lecture car il y a dedans un incroyable musicalité qui vous donne l'impression de faire un voyage à travers les dunes de sable.

Et voilà ce à quoi à ressembler mes lectures pour ce premier semestre ! Je dois avouer que j'en suis assez satisfaite et j'ai hâte d'en découvrir davantage ! Cependant, je ne m'attendais pas à ce que mes professeurs nous donne une vingtaine de livres pour les quatre prochains mois... À moi Proust, Sartre, Camus, Ionesco, Modiano !

Pauline, fondatrice de Mangeons les livres

J'ai lancé ce blog en 2015 afin d'échanger avec vous sur mes lectures, mais aussi pour garder une trace de toutes ces histoires qui me passent entre les mains. J'aime me nourrir de livres, et si vous aussi, alors mangeons les livres ensemble ! Si vous souhaitez me contacter, vous pouvez m'envoyer un email à mangeonsleslivres@gmail.com, et/ou me rejoindre sur mes réseaux sociaux.

2 commentaires:

  1. Quel semestre ! J'espère que tu aimeras autant tes prochaines lectures :)
    Bonne année à toi !

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    1. Merci beaucoup ! Pour l'instant ça s'annonce pas trop mal, j'ai notamment beaucoup aimé Sartre !
      Bonne année à toi également :)

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