Titre : Beauté fatale
Auteur : Mona Chollet
Édition : La Découverte
Parution : Février 2012
Résumé de l'éditeur :
Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur,
banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port
de la jupe comme symbole de libération : la « tyrannie du look »
affirme aujourd’hui son emprise pour imposer la féminité la plus
stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires,
blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes
sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries
du « complexe mode-beauté » travaillent à maintenir, sur un mode
insidieux et séduisant, la logique sexiste au cœur de la sphère
culturelle. Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son
corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un
processus d’autodévalorisation qui alimente une anxiété constante au
sujet du physique en même temps qu’il condamne les femmes à ne pas
savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un
état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps
pourrait bien constituer la clé d’une avancée des droits des femmes sur
tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre
les inégalités au travail.
Mon avis :
Après avoir entendu parler de cet ouvrage à plusieurs reprises, je me suis enfin attaquée à ce classique de la littérature féministe ! Un essai très intéressant qui, malgré sa publication il y a bientôt 10 ans, reste toujours d'actualité.
Avec Beauté fatale, Mona Chollet revient sur la question du corps et de la beauté dans notre société, et sur comment celle-ci affecte la vie des femmes. Au travers d'exemples très concrets, elle met en lumière la façon dont les médias et le marketing se sont appropriés la « culture féminine », enfermant ainsi les femmes dans des stéréotypes des plus sexistes.
Dès le plus jeune âge, nous sommes matrixées par toutes les images qu'on nous diffuse à la télé, dans les magazines et sur internet. On nous demande de ressembler à un idéal inatteignable : être belle, mince, désirable, bien apprêtée en toutes circonstances. Féminine, mais pas trop non plus (il ne faudrait pas passer pour vulgaire...). On ne nous montre qu'une façon d'être belle : à la façon des mannequins et des célébrités. Problème ? Nous n'avons pas tous les moyens de ressembler à Blake Lively ! Il n'est donc pas étonnant qu'on finisse par développer des complexes, voire une haine envers notre propre corps.
La triste réalité, c'est que l'on nous apprend toujours à quoi ressembler avant de qui être. Les femmes sont sans cesse valorisées pour leur physique avant leur intelligence ou leur talent. Nous sommes toujours objet avant d'être sujet. Il y a d'ailleurs un passage qui m'a particulièrement choqué à propos de la valorisation malsaine des jeunes filles dans le mannequinat. Dans ce milieu, on brandit des femmes ultra minces, filiformes, sans poils, parce qu'on aime l'image de la femme innocente, crédule, et donc facilement malléable. On s'approprie les corps comme ci l'être n'existait pas. Pour faire simple : sois belle et tais-toi.
En s'attaquant à des sujets comme le culte de la minceur, l'obsession de la jeunesse éternelle, la surreprésentation et survalorisation des femmes blanches, l'objectification de la femme, ou encore au sexisme ordinaire, Mona Chollet nous offre une lecture piquante des ravages que peut engendrer le complexe mode-beauté. Et même si certains passages peuvent paraître désuets, ou pas suffisamment approfondis, il y a quand même dans ce livre grande matière à réflexion.
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