Titre : Continuer
Auteur : Laurent Mauvignier
Édition : Éditions de Minuit
Parution : Septembre 2018
Résumé de l'éditeur :
Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se
défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment
a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout
raté jusqu’à aujourd’hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel,
de sombrer sans rien tenter. Elle a ce projet fou de partir plusieurs
mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de
sauver ce fils qu’elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver,
peut-être, le fil de sa propre histoire.
Mon avis :
Quelle claque ! Je ne m'y attendais pas du tout, à vrai dire j'étais même un peu dubitative lorsque j'ai reçu ce livre dans ma box Kube. Mais finalement j'ai bien fait de faire confiance à Anne-Sophie de la librairie Le Failler car j'ai vraiment été transportée du début à la fin.
Continuer, c'est un roman du silence, où la communication n'existe presque plus. Une histoire où l'absence de dialogue a laissé place à la colère, à l'incompréhension, à l'amertume. Et quand plus rien ne peut être dit, alors il faut écrire.
C'est ce que Sibylle va faire. Quand elle réalise que son fils est en train de foutre sa vie en l'air, elle comprend qu'elle ne peut plus fermer les yeux, qu'elle ne peut plus rester silencieuse. Alors elle prend un tournant à 360 et décide de partir trois mois à cheval avec son fils Samuel dans les montagnes du Kirghizistan. Et dès lors, elle commence à écrire. Et on comprend.
On découvre son histoire, ses peurs et ses traumatismes, les raisons de son acharnement. J'ai eu beaucoup de peine pour elle, mais aussi beaucoup d'admiration. Car il faut beaucoup de courage pour tout plaquer pour se reconstruire, et sauver son fils de la délinquance. Mais je me suis mise aussi à la place de Samuel, un garçon qui toute sa vie a vu sa mère déprimée, incapable de se prendre en main, et qui a subit le divorce de ses parents. C'est un adolescent complétement perdu, qui ne fait plus vraiment la différence entre le bien et le mal, un garçon presque sans émotion. J'ai compris sa colère envers sa mère, sa rancune, mais aussi sa douleur.
Mais au-delà de l'histoire, du vécu des personnages, il y a aussi les montagnes, les pierres, les ravins. On est au plus près de la nature, on sent presque le vent sur notre visage. On voyage au rythme des pas des chevaux, au cœur des yourtes. C'est un milieu hostile, fragile, voir mortel, un peu comme leur histoire.
Sans oublier les messages qui sont délivrés, comme celui-ci qui vient presque clore le roman :
Si on a peur des autres, on est foutu. Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu'on peut en crever. Les gens, mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu'on n'a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. Aller vers les autres, c'est pas renoncer à soi.
C'est tout simplement beau. C'est vraiment le mot pour décrire ce récit. Un magnifique voyage initiatique, une reconstruction, qui m'a bouleversé.
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